‘CRÉATION et AVENIR’
Dieu ne cesse de donner la vie.
Il éclaire nos routes.
Il nous accompagne et nous ouvre un avenir.
Mais le croyons-nous vraiment ?
Sommes-nous persuadés que le temps est venu de rebâtir la maison du Seigneur ?
Cette question a du mal à se poser à l’époque du prophète Aggée, à l’époque du retour de l’exil. Nous sommes en 525 avant JC.
L’urgence semble plutôt de rebâtir les maisons, de retravailler les champs en friche.
Aujourd’hui où il y a tant de terres en friche dans nos familles, nos établissements, notre société, notre terre, de bien des façon l’urgence est présente. Mais qu’en est-il de la maison du Seigneur ?
Nous savons la crise des transmissions.
Nous savons les grandes fragilités qui peuvent marquer les familles.
Nous savons les difficultés que croisent les jeunes pour grandir en liberté, en maturité.
Nous voyons tous les signes de désespérance de notre société.
Tout cela nous habite aussi.
Et puis nous nous demandons peut-être, qui sommes-nous pour participer à reconstruire la maison du Seigneur ?
Et pourtant nous sommes là, comme directeur diocésain ou au service diocésain de la vie de l’Enseignement Catholique.
Comme chefs d’établissement, anciens de quelques années ou arrivant dans la fonction.
Comme Animateurs en Pastorale Scolaire, comme enseignants, ou comme ceux qui permettent à un établissement scolaire d’accueillir et de vivre.
Nous sommes là au service d’un établissement, envoyés par la tutelle dont il dépend, situés dans le réseau des établissements catholique du diocèse.
Mais qu’avons-nous à servir, au cœur même de ce qu’est notre activité professionnelle ?
Qu’est ce que la Parole de Dieu aujourd’hui vient nous dire ou éclairer en ce sens ?
D’abord elle nous interroge.
Est-ce bien le temps d’être installés dans nos maisons luxueuses ?
Si nos établissements ne sont pas tous luxueux, cela n’empêche pas que nous puissions y être installés.
Elle nous invite à l’attention :
Rendez votre cœur attentif à vos chemins.
Cela pour rebâtir la maison de Dieu.
Qu’est-ce que cela peut-il bien pouvoir dire pour nous aujourd’hui ? Dans la mission qui est la nôtre ?
La maison de Dieu. Le Royaume de Dieu. Le lieu où toute personne est invitée à trouver sa place et à vivre.
Dans cette maison il y a place pour beaucoup de monde.
Tout le monde y est attendu, y a sa place, et doit pouvoir y être accueilli, respecté, accompagné, soutenu.
De bien des manières on peut signifier à un enfant, à un jeune sa dignité, qu’il compte, qu’il est attendu et accueilli, qu’il a sa place.
De bien des manières on peut signifier à des jeunes qu’ils sont aimés de Dieu, et pas seulement, et peut-être même pas d’abord en l’affirmant avec des mots, mais en le signifiant par une manière d’être et en le servant par beaucoup d’attention et de bienveillance dans la manière de marcher avec lui.
Cela se joue dans la manière d’être en relation, de manifester la confiance, d’apaiser, de servir un climat serein, d’être attentif aux difficultés de chacun, de chaque enfant, et aussi de leur environnement, de leurs familles.
L’Enseignement Catholique aujourd’hui est un lieu précieux de contact et de relation entre l’Eglise et la société.
Un lieu ou nous accueillons des enfants et des jeunes, ainsi que leurs familles, et où nous avançons avec eux dans la durée.
C’est une grande chance, c’est aussi une grande responsabilité.
Elle est celle de mettre en œuvre le droit à l’éduction pour chacun,
De favoriser la croissance de toute personne, enfant, jeune, et aussi adulte de la communauté éducative,
De mettre au centre la personne de l’élève et de le soutenir dans toutes les dimensions de son être, y compris sa dimension spirituelle et son ouverture à plus grand.
De prendre ainsi part à une société pleinement humaine où chaque personne a sa place.
Cela est déjà pour une grande part la mission éducative de la nation.
Mais pour nous, cela est ancré dans la foi en Dieu qui rejoint l’homme, qui entre en relation, en dialogue avec lui, qui veut lui permettre de vivre debout.
Ce Dieu qui nous envoie son Fils est celui qui nous confie cette mission : être serviteur du déploiement de la vie de toute personne et serviteur également de la constitution d’une société fraternelle.
Note Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.
Que tous aient la vie et qu’ils l’aient en abondance.
Et cela se joue dès aujourd’hui, dès maintenant, dans l’accomplissement d’une vie présente.
Dieu veut que tout homme et tous les peuples connaissent la plénitude de la vie et la paix.
Impressionnant comme mission. Exigeant. Mais aussi appelant. Il y a là des raisons profondes de se lever chaque matin.
Et cela commence dans la cour de récréation d’une école, dans une salle de classe, un conseil des professeurs ou au sein de l’équipe des responsables de l’établissement.
Au terme de notre célébration je vais remettre, avec le Directeur Diocésain et les responsables de tutelle respective, une lettre de mission pour ceux et celles qui, parmi vous, commencent une nouvelle étape comme chef d’établissement ou Animateur en Pastorale Scolaire (APS).
Le travail qui est le vôtre est une mission. Il vient d’un appel qui vous a été adressé et d’une réponse que vous acceptez de donner.
Cette mission se reçoit. Et ne prend sens qu’en relation avec Celui qui nous la confie.
La mission d’un Chef d’établissement est vaste. Il a une responsabilité de gestion administrative, de pédagogie, d’éducation, en étant attentif à la réussite de chaque élève. Une responsabilité d’animation de la communauté éducative, une mission d’expression de ce que nous appelons le ‘caractère propre’, que l’établissement soit ainsi témoin du projet évangélique.
Cela, il ne le vit pas tout seul, bien heureusement, mais il en est le garant. C’est une vraie et grande responsabilité pastorale.
Auprès de lui, l’APS est à ses côtés pour l’aider à ce que l’ensemble de la vie de l’établissement soit porté par cette dimension pastorale, et pas seulement dans le cadre de propositions pastorales, catéchétiques ou de culture religieuse.
Voilà quelques touches du tableau.
J’en reviens à la question de l’Écriture.
Est-ce bien le temps d’être installés dans vos maisons luxueuses ?
Rendez votre cœur attentif à vos chemins.
Et nous pouvons aussi garder en mémoire cet étonnement d’Hérode évoqué dans l’Évangile :
Mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ?
Puisse cet étonnement habiter bien des personnes, des parents, des proches en voyant comment leur enfant est accueilli, accompagné soutenu et servi dans les établissements où nous sommes appelés nous-mêmes à vivre la mission.
Je vous souhaite une belle année.
+ François Fonlupt
Archevêque d’Avignon